« En tant qu’association internationale représentant la presse mondiale, nous sommes solidaires de l’équipe de Charlie Hebdo dans ces moments difficiles », a affirmé la WAN-IFRA dans une déclaration ce lundi. « La violence et les agressions physiques de quelque nature qu’elles soient ne doivent pas faire oublier le rôle essentiel que les journaux jouent dans la promotion et l’enrichissement de la démocratie dans une société libre », a-t-elle poursuivi.
Avec une pointe de provocation, Charlie Hebdo avait fait du Prophète Mahomet le rédacteur en chef de son numéro daté du mercredi 2 novembre et publié une caricature du fondateur de la religion islamique sur sa première page en réaction aux résultats des récentes élections tunisiennes où le parti islamiste Ennhda avait remporté une majorité des scrutins.
La rédaction du journal a été détruite dans la nuit du mercredi par un incendie qui, pense-t-on, a été provoqué par un cocktail Molotov. Le journal avait reçu des menaces sur Twitter et Facebook avant la sortie du numéro satirique. Aucune piste n’est négligée et la police française n’a pas encore écarté celle impliquant des groupes islamistes fondamentalistes.
Le journal n’en est pas à son coup d’essai dans ce genre de satire. En effet, il a déjà obtenu gain de cause lors d’un procès que des organisations musulmanes en France lui avaient intenté pour avoir publié les caricatures danoises de 2006 qui avaient fait scandale dans le monde musulman.
« La publication de documents choquants ou blessants ne doit pas être une fin en soi et doit être faite au bon endroit, au bon moment et pour la bonne cause », a poursuivi la WAN-IFRA dans sa déclaration, « mais elle doit être possible et légale – quelle que soit la personne ou la chose offensée – dans toute société se revendiquant d’être une véritable démocratie ».
La WAN-IFRA condamne cette atteinte portée à la liberté d’expression et défend le droit des sociétés de médias à publier un contenu suscitant ou favorisant le débat. L’association demande aux autorités françaises de traduire sans tarder les auteurs en justice et d’œuvrer à la protection de la liberté d’expression sous toutes ses formes avec tous les membres de la communauté.