Près d’un an après la chute de Ben Ali, le malaise perdure au sein d’un secteur sinistré par des décennies de censure et de répression.
Alors que la Tunisie s’est dotée d’une Assemblée constituante et qu’un gouvernement est sur le point d’être formé, les intervenants de la conférence ont notamment souligné les impératifs suivants :
- Constitutionnaliser la liberté d’expression, la liberté de la presse et l’accès à l’information. L’indépendance des médias de service public et celle de la Haute autorité de l’information et de la communication audiovisuelle (HAICA) doivent également être garanties par la Constitution. Les principes d'égalité et de non discrimination dans l'exercice de la liberté d'expression doivent être reconnus.
- Mettre en application un cadre juridique et institutionnel qui permette l’avènement d’un paysage médiatique qui soit à la hauteur des défis politiques, économiques et sociaux auxquels la Tunisie est confrontée et qui soutienne l’émergence d’une information libre et indépendante, soutenue par un système judiciaire indépendant.
- Soutenir l’indépendance des médias publics à travers la révision juridique de leurs statuts et garantir le non-alignement de leur administration.
- Démanteler le système complexe de la censure établi sous Ben Ali et prévenir la résurgence de cette dernière, notamment au nom de la morale.
- Dépénaliser les délits de presse tout en renforçant l’adhésion à l’éthique journalistique et en promouvant l’auto régulation.
- Mettre un terme aux monopoles et aux concentrations qui entravent le développement du secteur audiovisuel et de la presse écrite.
- Garantir une répartition claire et transparente de la publicité institutionnelle et publique, en rupture avec l’ère de l’Agence tunisienne de communication extérieure (ATCE).
- Constituer un fonds de soutien à l’expression radiophonique associative et adopter des aides indirectes pour soutenir le développement de journaux indépendants. Le pluralisme des médias doit être soutenu.
- Soutenir la culture digitale et ses promoteurs dont l’action en faveur du changement a été et demeure déterminante.
Enfin, les intervenants et les participants ont une fois de plus appelé à la tenue en Tunisie des états généraux des médias.
Parmi les partenaires tunisiens qui ont contribué à la formulation de ces recommandations et qui les ont depuis lors adoptées formellement, on compte l’Association des magistrats tunisiens (AMT), l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), le Centre de Tunis pour la liberté de presse, la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH), l’Instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication (INRIC), Nawaat, PEN Tunisie, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) et l'Observatoire des médias du SNJT, et le Syndicat tunisien des radios libres (STRL).
La conférence était menée sous la direction de l'Association mondiale des journaux et des éditeurs de médias d'information (WAN-IFRA), en collaboration avec l'Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC), ARTICLE 19, Index on Censorship, International Press Institute (IPI) et le Réseau arabe pour l'information sur les droits de l'Homme (ANHRI). La Commission européenne et Oxfam Novib ont apporté leur soutien à cette conférence.
Pour tout renseignement complémentaire:
Le groupe d'observation de la Tunisie de l'IFEX
Virginie Jouan, au nom de l’Association Mondiale des Journaux et des Éditeurs de Médias d'Information (WAN-IFRA), Responsable de la campagne