Ce prix a été remis lundi à Bangkok en Thaïlande au cours des cérémonies d’ouverture du Congrès mondial des journaux et du World Editors Forum, devant plus de 1 500 éditeurs, directeurs de rédaction, PDG, directeurs généraux et leurs invités.

« J’ai mes grands principes sur la manière de conduire les affaires dans le secteur des médias et quelle que soit la situation, je n’y ai jamais dérogé », confie le Dr Aung. « J’ai toujours résisté au harcèlement et défendu mon journalisme, mon éthique, mes valeurs. Quelles que soient les tentatives engagées par le régime militaire, je n’ai jamais accepté qu’on touche à ces principes ».

Depuis la création du groupe Eleven Media il y a 11 ans, le Dr Than Htut Aung et son équipe rédactionnelle font campagne sans relâche pour une politique transparente et responsable de la part des autorités birmanes. Après un raid militaire des services de renseignement dans les bureaux de sa rédaction, qui a d’ailleurs entraîné des condamnations à la peine de mort et à des peines d’emprisonnement pour plusieurs de ses journalistes, Eleven est devenu un symbole de la contestation en Birmanie. Than Htut Aung a lui-même été brièvement arrêté en 2011.

En remettant la Plume d’or à son lauréat, le président du World Editors Forum, Erik Bjerager, a déclaré : « La Birmanie se construit sur le long terme et les médias ont un rôle vital à jouer dans cette transition et même au-delà, afin de bâtir de solides fondations pour les générations futures. Un homme sait cela mieux que les autres, c’est notre lauréat, le Dr Than Htut Aung. »

« Sous sa houlette, le groupe Eleven Media a réussi à prospérer et ce, malgré des années d’hostilité. Créant son entreprise en partant de zéro, il a dû affronter une très forte pression de la part du gouvernement et une censure omniprésente. Néanmoins, il a constamment fait fi de ces restrictions imposées à la liberté d’expression. Le Dr Htut Aung a toujours su se dresser contre la junte militaire et aujourd’hui, Eleven Media continue à repousser les frontières des libertés retrouvées en Birmanie. »

Étudiant en médecine, Than Htut Aung obtient une place dans une université anglaise en 1988, mais la junte refuse de lui délivrer un passeport. Il décide alors de se lancer dans les affaires, jusqu’à ce qu’une opportunité se présente à lui de publier le journal sportif First Eleven.

À ses débuts, l’hebdomadaire fonctionne avec une équipe de trois personnes et affiche un tirage initial de 5 000 exemplaires. Dans un environnement de plus en plus répressif et autocratique, First Eleven réussit malgré tout à capter l’attention et surtout l’imagination des lecteurs, Than Htut Aung et ses journalistes sachant glisser intelligemment des messages politiques dans leurs articles sur le football. Des phrases telles que « L’homme au centre – l’arbitre – n’est pas juste… Le football ne se joue pas seulement à 22 mais avec tout le public » (un clin d’œil à la vie politique parlementaire), montrent comment le journal a fait preuve d’une ingéniosité extraordinaire pour passer à travers les mailles du filet de la censure et informer la population.

Dans un documentaire diffusé en mars 2012 sur la chaîne américaine PBS, la rédaction du groupe Eleven Media a été qualifiée de « preuve solide des libertés naissantes » en Birmanie. Aujourd’hui, le titre emploie 120 journalistes et paraît quatre fois par semaine, tout en exploitant parallèlement des sites Web et services mobiles par SMS en langue anglaise.

En mai 2012, Eleven Media a signé un accord de publication en joint-venture avec The Nation Multimedia Group en Thaïlande.

Tout en saluant les progrès démocratiques « impressionnantes » des dernières années en Birmanie, Than Htut Aung a mis en garde contre les récentes menaces qui pèsent sur ce processus. « Si la Birmanie revient en arrière, ce sera à cause de la corruption, » a-t-il confié, traduisant une certaine incertitude quant au chemin qui reste à parcourir pour parvenir à une pleine démocratie.

Malgré les défis, l’engagement de Than Htut Aung dans ce processus à la fois long et semé d’embûches est inébranlable. « Les médias forgent notre pays et le public est notre véritable partenaire », a-t-il souligné. « Ce groupe de presse ne m’appartient pas, il appartient au peuple de Birmanie … qui a toujours lutté et continue à se battre pour la démocratie et la liberté. »

Le discours prononcé par le Dr Than Htut Aung à la réception de son prix peut être lu sur http://www.wan-ifra.org/node/78138/

Le discours d’Erik Bjerager peut être lu en intégralité sur http://www.wan-ifra.org/node/78137/

Pour en savoir plus sur la Plume d’or de la liberté, consulter le site http://www.wan-ifra.org/microsites/golden-pen-of-freedom.

Pour en savoir plus sur les campagnes de liberté de la presse menées par WAN-IFRA, veuillez consulter le site http://www.wan-ifra.org/microsites/press-freedom.

La WAN-IFRA, basée à Paris en France et à Darmstadt en Allemagne, avec des filiales à Singapour et en Inde, est l’Association Mondiale des Journaux et des Éditeurs de Médias d’Information. Elle représente plus de 18 000 publications, 15 000 sites Web et plus de 3 000 sociétés dans plus de 120 pays. Sa principale mission est de défendre et de promouvoir la liberté de la presse, un journalisme de qualité et l’intégrité éditoriale ainsi que de favoriser l’essor des entreprises.

Pour toute question, veuillez vous adresser à :
Larry Kilman, directeur général adjoint et directeur de la communication et des affaires publiques, WAN-IFRA, 96 bis, rue Beaubourg, 75003 Paris, France. Tél. : +33 1 47 42 85 07. Fax : +33 1 42 78 92 33. Mobile : +33 6 10 28 97 36. E-mail : larry.kilman@wan-ifra.org