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Profil de pupitre de commande pour l’épreuvage numérique en offset coldset pour journaux

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Profil de pupitre de commande pour l’épreuvage numérique en offset coldset pour journaux

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12029

Les encres conformes à la norme ISO 2846-2 et imprimées sur du papier journal conforme à la norme ISO 12647-3 sont exceptionnelles, car leur véhicule pénètre dans les fibres du papier journal par capillarité et leurs pigments restent en surface. Ces encres ne sèchent donc pas à proprement parler, mais perdent de leur viscosité. Dans le coldset, il n’y a pas de séchage chimique par oxydo-polymérisation ou de polymérisation par rayonnement ultraviolet. Heureusement pour le lecteur, seule une quantité infime de cette encre à basse viscosité reste sur la surface du papier journal et est transférée aux pages adjacentes ou se retrouve sur les doigts du lecteur par frottement. Andy Williams, l’auteur de cet article, est responsable de la recherche (couleur et imagerie) au sein du centre de compétence « Production de journaux » à la WAN-IFRA.

Cette absorption rapide présente un inconvénient : les couleurs perdent de leur saturation au fur et à mesure de leur pénétration dans le papier. Lorsque l’imprimeur prend un exemplaire fraîchement imprimé à la sortie de la rotative pour le contrôler, les couleurs sont plus saturées que 4 à 8 heures plus tard lorsque l’exemplaire est dans les mains du lecteur. Cela ne présente généralement pas de problème, puisque le lecteur et l’annonceur voient le résultat imprimé quand les encres ont pénétré dans le papier et que la vitesse d’absorption a tellement ralenti qu’elle en est tout à fait insignifiante. Le profil ICC de gestion des couleurs, qui est utilisé pour la séparation couleur des épreuves publicitaires est basé sur des mesures prises sur des formes-tests imprimées il y a plus de huit heures. Le résultat imprimé est conforme à ce qu’attendent les annonceurs et lecteurs.

Cette différence notable entre ce que voit l’imprimeur et ce que verront quelques heures plus tard l’annonceur et le lecteur a cependant son importance. La perte d’intensité des couleurs lors du séchage présente une difficulté majeure pour le rotativiste qui doit imprimer l’annonce pour qu’elle donne pleine satisfaction au client quand elle sera vue quelques heures plus tard. Essayer de produire une excellente qualité couleur ressemble alors un peu à essayer de tirer sur une cible mouvante, mais heureusement pour nous la gestion des couleurs facilite le travail.

Quelques chercheurs (Réf. 1) ont documenté cette perte d’intensité des couleurs sur le papier journal, sans toutefois mentionner les implications pratiques pour l’impression de journaux et l’épreuvage numérique. Vu l’intérêt croissant porté à l’épreuvage sur écran, il serait peut-être judicieux de mettre à disposition du rotativiste comme référence une autre forme d’épreuve numérique avec des couleurs plus saturées représentant mieux l’exemplaire fraîchement imprimé. La comparaison entre les exemplaires fraîchement imprimés et une telle épreuve au pupitre de commande permettrait d’améliorer le réglage de l’encrage et d’obtenir une meilleure concordance du résultat final avec les couleurs moins intenses mais reproductibles, qui ont été promises au client sur la base de l’épreuve contractuelle effectuée avec le profil ICC standard (par exemple ISOnewspaper26v4).

Quelle est la différence entre ce que voit le rotativiste et ce que voit le lecteur ?

Fig. 1 Le volume colorimétrique des encres journal sur papier journal diminue rapidement juste après impression. Ici, le volume diminue de plus de 11 % au cours des 30 minutes suivant l’impression.

Fig. 2 Vues du rétrécissement du gamut de couleurs des encres-papier journal après 2 minutes, 4 heures et 24 heures. Après 4 heures, ce gamut a perdu presque 15 % de ses couleurs.

Les zones grises indiquent les limites du gamut du profil ICC ISOnewspaper26v4. Dans cet exemple, le gamut des couleurs fraîchement imprimées devient même plus petit que le ISOnewspaper26v4 (le standard de facto du gamut de couleurs pour une impression sur papier journal).


Fig. 3 Une série de 22 encres fraîchement imprimées pour lesquelles la différence enregistrée quatre heures après l’impression était de plus de 4,5 CIELAB Delta E (1976). Les couleurs du graphique ont été choisies arbitrairement et ne correspondent pas aux couleurs mesurées dans les carrés de contrôle. Il s’agit pour la plupart de combinaisons de 3 ou 4 couleurs tramées.



Fig. 4 Changement des couleurs cardinales dû à la perte d’intensité au cours du séchage. Les différences sont généralement plus prononcées pour les couleurs RVB que pour les couleurs CMJN.



Fig. 5 Pour prendre en compte la perte d’intensité des couleurs au séchage, la représentation sur écran de l’épreuve sur laquelle s’appuie le rotativiste pour l’harmonisation des couleurs, devrait présenter des couleurs plus vives et des zones d’ombre plus foncées que l’épreuve papier qui est envoyée au client pour contrôle.

Les mesures ont été prises sur une forme-test CMJN qui sert à produire les données de caractérisation d’un profil écran ICC pour l’épreuvage numérique, la forme-test basICColor CMYKick.

Toutes les données sont des moyennes des quatre mêmes exemplaires imprimés mesurés aux intervalles de temps donnés.

Pour essayer d’améliorer la concordance entre l’image fraîchement imprimée et l’épreuve numérique, il est important de noter les points suivants :

1. Les différences entre les couleurs d’une image après deux minutes et après quatre heures sont notables, mais il n’y a pratiquement aucune différence entre les couleurs d’une image après quatre heures et après 53 heures.

2. Les différences entre l’exemplaire fraîchement imprimé et le même exemplaire après quatre heures ou plus touchent les zones d’ombre, les tons moyens et les hautes lumières.

3. Les différences ne sont pas les mêmes pour toutes les couleurs. On enregistre les plus grandes différences dans les tons foncés, les bruns et les gris foncés. Les surimpressions de deux, trois ou quatre couleurs présentent de plus grandes différences que les couleurs individuelles. Les hautes lumières sont moins affectées par ce phénomène.

4. Les valeurs CIELAB Delta E (1976) sont les plus grandes et les plus notables pour les tons foncés, mais les tons chair présentent aussi un écart visible même si la valeur E est beaucoup moins élevée. Les tons chair européens ont souvent des valeurs de tons tramés et couleur relativement basses si bien que de grands écarts Delta E ne devraient pas survenir, mais l’écart est proportionnel au taux d’encrage maximal (Total Area Coverage = TAC) des combinaisons tramées.
L’œil humain est plus sensible aux différences dans les tons chair et pâles avec une chromaticité moins élevée en comparaison avec les mêmes différences dans des couleurs plus saturées.

5. Statistiquement parlant, il existe une forte corrélation entre les taux d’encrage maximal (TAC = Total Area Coverage) des carrés de couleur et les valeurs CIELAB Delta E. La forme-test CMJN comprend 336 carrés de couleur et les taux d’encrage maximal des carrés sont situés entre 0 et 400 %. Les calculs ont porté sur l’écart colorimétrique de chaque carré pendant la période de perte d’intensité des couleurs. Une corrélation positive entre les taux d’encrage maximal des carrés et leurs écarts colorimétriques Delta E a été constatée (0,851) ; c’est-à-dire que plus les taux d’encrage maximal étaient élevés, plus l’écart colorimétrique était grand.

6. Comme avec toutes les formes-tests CMJN utilisées pour élaborer un profil, la technique GCR n’a pas été employée pour les tons tramés. L’application de cette technique, qui consiste à subtiliser la composante achromatique d’une couleur CMJ par du noir, fait partie des tâches du logiciel créant les profils ICC. La technique GCR implique une forte réduction des taux d’encrage maximal et d’importantes quantités des encres CMJ onéreuses sont alors remplacées par le noir, beaucoup moins cher à l’achat.

Comme les formes tests CMJN ne sont pas passées par la technique GCR, les données et observations concernant les couleurs dont les taux d’encrage maximal se situent entre 241 et 400 % ne sont pas exploitables en pratique. Néanmoins, même l’analyse des 287 carrés couleur avec des taux d’encrage maximal de 240 % ou moins donne un coefficient de corrélation de 0,805, ce qui laisse fortement supposer que de forts taux d’encrage maximal impliquent d’importants écarts colorimétriques CIELAB Delta E pendant la phase de perte d’intensité des couleurs.

7. Comme nous pouvons le constater à la figure 4, le noir montre des changements de couleur moins importants que les autres couleurs C, M, J. Cela pourrait être qualifié de résultat typique – voir aussi le Special report de l’IFRA 2.39 (Réf. 2).
Il faut noter trois choses ici :
a) La séquence d’impression et la quantité d’encre supplémentaire appliquée sur une surface déjà imprimée ne jouent aucun rôle ici, puisqu’il ne s’agit pas de surimpression.
b) Les couleurs primaires mesurées ne sont pas tramées, mais des aplats.
c) Les aplats de couleurs primaires sont rares en pratique. Il n’est donc pas nécessaire d’y prêter trop d’attention. Les tramés formés à partir de plusieurs couleurs sont plus intéressants.
Même si le noir présente souvent l’engraissement le plus important (29 % ici) et pourrait donc potentiellement avoir un taux d’absorption plus élevé que les autres couleurs, l’aplat noir a présenté un faible écart colorimétrique pendant la phase de séchage. Cela corrobore l’observation selon laquelle une couleur monochrome à faible chromaticité ne présente pas ou ne peut pas présenter normalement de valeurs CIELAB Delta E élevées.

C’est pourquoi la technique GCR (appelée retrait sous-couleur et qui consiste à subtiliser la composante achromatique d’une couleur CMJ par du noir) contribue si bien à stabiliser l’impression en quadrichromie des journaux.

8. La différence perçue est généralement plus marquée que ne laissent supposer les valeurs CIELAB Delta E de mesure de l’écart colorimétrique. Ceci peut être dû aux changements d’épaisseur de l’encre, aux réflexions lumineuses provenant des surfaces adjacentes ou même à de légères modifications de texture ou de brillance : des influences qui ne sont pas prises en compte par les instruments de mesure mais sont seulement perceptibles à l’œil.

9. Le volume du gamut des couleurs diminue de 11 % au cours des 30 premières minutes, de 14,5 % au cours des quatre premières heures et de 16 % après 53 heures.

10. L’engraissement pour une valeur tonale nominale de 50 % n’a pas beaucoup changé au cours du laps de temps en question, selon les calculs de données spectrales du ProfileMaker de X-Rite – cyan 26,8 ± 0,3 %, magenta 20,1 ± 0,3 %, jaune 20,3 % ± 0,6 %, noir 29,1 % ± 0,1 %.

11. Dans le système CIELAB, les écarts sur l’axe de luminosité L* correspondent assez bien à ce que l’œil humain peut constater. En revanche, les écarts sur l’axe de chromaticité C* sont perçus autrement. La non-correspondance entre les écarts colorimétriques calculés et perçus est plus grande avec des valeurs de chromaticité élevées. Les équations DE2000 sont plus adaptées que les CIELAB Delta E lorsqu’il s’agit de décrire les différences visibles avec des valeurs de chromaticité basses.

12. Il n’a pas été constaté de dérive de la couleur bleue vers le violet. Dans le passé, ce problème a souvent été décrit comme étant un problème de séparation des couleurs ou un problème d’encrage. La forme-test est un fichier CMJN avec séparations couleur, il n’y a donc pas d’écarts colorimétriques dus à un réajustage de l’espace colorimétrique lors de la séparation des couleurs (compression de l’espace).

13. L’élaboration d’un profil de pupitre de commande n’est pas la seule méthode possible, mais c’est la méthode la plus flexible et la plus pertinente pour simuler un plus fort contraste des couleurs. Elle apporte une nette amélioration du contrôle de l’impression avec des encres journal sur du papier journal. La facilité avec laquelle un profil ICC pour l’épreuvage numérique peut être inséré dans le flux d’épreuvage dépend du système.

14. Un profil de pupitre de commande pour l’épreuvage numérique représente une nette amélioration pour le contrôle de la production de journaux imprimés avec des encres et du papier journal standardisés. Un profil de pupitre de commande pour épreuvage numérique ne peut être rois en compte dans le flux RVB que si ces consommables (encres et papier journal standardisés) sont utilisés. Ce profil combiné à des consommables d’une plus grande qualité donnerait de fausses évaluations. En impression de labeur offset heaset, la pénétration du véhicule dans le support n’est pas aussi dramatique. L’encre reste davantage en surface et polymérise grâce aux sécheurs grande vitesse. Les changements colorimétriques ne présentent pas de problème. En offset heatset, le profil ICC utilisé pour la séparation des couleurs peut aussi être utilisé pour l’épreuvage numérique.

15. Les conditions idéales d’affichage d’une épreuve numérique sont difficiles à établir et à maintenir. Dans la salle du pupitre de commande, la lumière et les réflexions provenant de surfaces colorées ainsi que la différence entre un écran lumineux et un exemplaire papier exercent une influence sur la comparaison entre l’épreuve sur écran et le résultat imprimé. Néanmoins, l’épreuvage numérique est parfaitement possible si les conditions d’affichage sont correctes et les paramètres de l’écran soigneusement contrôlés.

16. Un profil ICC établi sur la base des caractéristiques papier journal et encres CMJN mesurées juste après l’impression ne suffit pas pour l’épreuvage numérique. Selon l’étape où dans le workflow les données d’image ont été prises, l’engraissement sera pris en compte ou pas.

Le logiciel standard de création des profils CMJN fournit normalement la taille correcte des points de trame CMJN pour l’exposition sur la plaque, sans l’engraissement prévu sur la rotative. Pour la création du profil, on mesure une forme-test standard, par exemple selon l’ISO 12642 ou ANSI IT8.7/4 et l’engraissement peut être calculé puisque l’on connaît la taille d’origine des points. Il est alors possible à partir des données RVB ou CMJN et avec un programme de séparation des couleurs tel que Photoshop de générer une épreuve numérique pour la simulation à l’écran de l’image CMJN imprimée. Cependant, au prépresse on ne travaille généralement qu’avec le profil standard CMJN et bien sûr les erreurs situées en aval dans le workflow ne peuvent être reconnues ou éliminées à moins que vous n’utilisiez exactement les mêmes données et réglages RIP que la production. Une vraie épreuve numérique n’est à vrai dire pas possible. Il s’agit presque d’un WYSIWYG, mais des erreurs de tramage et de données peuvent s’infiltrer entre le traitement prépresse et la sortie RIP. Les données de page et d’imposition ne sont généralement pas disponibles pour créer une épreuve convenant au rotativiste.

L’alternative serait un système d’épreuvage numérique travaillant à partir des données 1 bit TIFF/G4, c’est-à-dire les mêmes données utilisées pour le flashage sur la plaque. Il en existe quelques-uns. Les avantages de l’utilisation des données rippées TIFF/G4 sont les suivants : toute erreur dans le texte ou l’image intervenant par la suite, erreur de calibration du système d’exposition, effets de trame sur l’épreuve, sont reconnues ; le contrôle composite couleur est possible et empêche l’interversion des séparations couleur ; les marques de repérage de coupe et de repérage couleur sont visibles sur l’épreuve numérique. Ainsi les erreurs peuvent être vues assez tôt en amont avant l’impression. Aujourd’hui, de nombreux flux englobent les contenus des pages à un stade avancé de la production ; les serveurs d’image effectuent les séparations automatiquement juste avant de passer les données de pages complètes au RIP et au CTP. L’utilisation de données TIFF/G4 permet de mettre en place un procédé WYSIWYG. MAIS les données de production TIFF/G4 n’englobent pas l’information sur l’engraissement et le système d’épreuvage numérique centré autour de ce type de données aura plus de mal à simuler le résultat fraîchement imprimé.

Une épreuve numérique doit simuler le résultat imprimé et donc représenter les couleurs avec l’engraissement prévu sur la rotative. Une fois les caractéristiques d’engraissement calculées à partir des données de mesure pour l’élaboration du profil CMJN de l’épreuve numérique, il est possible d’élaborer un profil de pupitre de commande qui peut être utilisé avec le logiciel convertissant les données TIFF/G4 1 bit des séparations couleur en données 8 bits des images composites couleur.

Un profil d’épreuve numérique avec des couleurs plus vives n’est pas le seul facteur décisif pour la simulation d’un exemplaire fraîchement imprimé, mais c’est une étape de plus sur la bonne voie. Les caractéristiques de l’écran, les conditions de l’endroit où a lieu l’affichage de l’épreuve, l’encre, le papier et l’ordre d’impression des couleurs jouent également un rôle. D’autres facteurs sont à prendre en considération lors de l’achat d’un système d’épreuvage pour que l’épreuve corresponde aussi bien à l’exemplaire fraîchement imprimé qu’à ce qu’auront plus tard dans les mains les lecteurs et annonceurs. La WAN-IFRA prépare en ce moment un rapport de recherche sur le sujet. Si un membre devait avoir une remarque sur cette étude ou besoin d’aide pour les profils d’épreuve ou l’épreuvage en général, nous sommes à sa disposition. 

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Références :
1) Nurmi, O., and Sivonen, J., VTT Technologies, « ICC Profiles for Different Paper Categories – The Effect of Time and Print-Through in the Gamut in Newspaper Process ». Conférence IARIGAI, 2001.

2) Gemeinhardt, Jürgen, IFRA Special Report 2.39 « Description colorimétrique des tolérances de production en impression de presse », 2006

Auteur

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Date

2011-01-31 16:25

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