Le conseil d’administration de l’association mondiale des journaux et des éditeurs de medias d’information (WAN-IFRA) s’est réuni à Vienne en Autriche le 12 octobre 2011 et a demandé au président équatorien Rafael Correa Delgado de réagir contre les tendances récentes qui ébranlent sérieusement la liberté et l’indépendance de la presse en Équateur en abrogeant les lois sur la diffamation, en mettant un terme à toute forme d’harcèlement à l’encontre des journalistes et en garantissant une indépendance absolue des médias du pays.
En avril 2011, le président Correa a porté plainte pour diffamation contre le groupe de médias El Universo, ses dirigeants Carlos Pérez Barriga, César Pérez Barriga et Nicolás Pérez Lapentti ainsi que l’un de ses journalistes Emilio Palacio et réclamé 80 millions de dollars de dommages et intérêts. L’affaire trouve son origine dans un réquisitoire intitulé « No a las mentiras » (non aux mensonges) écrit par Emilio Palacio sur un soulèvement policier le 30 septembre 2010. L’article a été publié dans le numéro du 6 février 2011 du journal El Universo. Le 20 juillet, les quatre hommes de presse ont été condamnés à une peine de trois ans pour diffamation et à payer des dommages et intérêts d’un montant de 30 millions de dollars au président. Une amende de 10 millions de dollars a en outre été infligée au groupe de médias. Le 20 septembre, la cour d’appel a confirmé la sentence dans son intégralité. L’affaire a été marquée par plusieurs irrégularités qui mettent en doute l’indépendance totale du système judiciaire. Les accusés ont introduit une procédure en appel auprès d’autres juridictions nationales comme la cour nationale de justice et la cour constitutionnelle.
Les nombreux discours hostiles du président Correa à la télévision et à la radio à l’encontre des médias indépendants et critiques à son égard et l’augmentation des agressions physiques contre des personnes travaillant dans les médias ont créé un climat de peur croissante et semé la division dans la presse équatorienne.
Le gouvernement a l’intention d’interdire aux sociétés de presse privées, à leurs directeurs et leurs principaux actionnaires de détenir des parts en dehors de l’industrie de l’information. Il a en outre l’intention d’instaurer un conseil de régulation du contenu des médias. Sa composition soulève des inquiétudes à propos de son indépendance car cinq de ses sept membres seront soit directement nommés par le pouvoir exécutif soit choisis au sein d’institutions proches du gouvernement.
Le conseil d’administration de la WAN-IFRA enjoint le président Correa de lever la condamnation à l’encontre du journal El Universo, ses dirigeants et Emilio Palacio. De plus, il l’exhorte à faire tout ce qui est en son pouvoir pour mettre fin à la polarisation actuelle entre les médias privés et le gouvernement et lui rappelle qu’une presse libre et indépendante de tout type de gouvernement et de tout contrôle politique ou économique est la pierre angulaire d’une démocratie solide et durable.