WAN-IFRA : Y a-t-il eu des modifications de base depuis la première présentation du concept ?
HORST-WALTER HAUER : Nous n’avons rien changé à l’idée de base : IPAC est un concept englobant tout le processus d’impression de produits, alliant un magasin de stockage vertical – une forme éprouvée et hautement automatisée pour la gestion logistique – à un système de transport standard.
Nous avons analysé diverses réalisations spéciales qui permettent de tirer profit des avantages du concept dès aujourd’hui et qui peuvent être complétées par des montages ultérieurs pour obtenir une plus grande automatisation à l’avenir.
WAN-IFRA : Les montages ultérieurs font partie du concept… Il n’y a donc pas de solutions standard mais un genre de module de base qui peut être complété de façon individuelle ?
H.-W. HAUER : Le concept est si flexible qu’il laisse toute latitude en matière de configuration et d’automatisation. Nous voulons tout d’abord montrer ce qu’il est possible de mettre en œuvre tout de suite sans avoir recours à de gros travaux de développement. Par montage ultérieur, nous entendons qu’il est possible de monter par la suite divers composants ou d’en échanger certains, que ce soit en raison de nouveaux développements ou parce que les besoins de l’imprimerie ont changé. Si le fabricant A développe un nouveau robot, l’imprimerie souhaite peut-être l’utiliser. C’est pour cela que le concept est tourné vers l’avenir.
WAN-IFRA : Quels sont les avantages d’IPAC au point de vue du déroulement du travail, de la flexibilité et la rationalisation ? Pouvez-vous résumer ces avantages pour nos lecteurs et expliquer à quoi ils aboutissent ?
H.-W. HAUER : La configuration de tous les éléments de production autour d’un système de logistique centralisé, multifonctionnel, motorisé d’un bout à l’autre, qui peut atteindre n’importe quel endroit dans l’imprimerie, permet d’automatiser au maximum les étapes individuelles de production dans un bâtiment. Les diverses conceptions des systèmes de transport, chacune avec leur système de back-up, sont éliminées tout comme le sont aussi les solutions en îlots plus ou moins reliées entre elles dans divers bâtiments, le tout menant à des systèmes de plus en plus complexes. Tous les processus, à commencer par le stockage et la production pour finir à l’avenir par la maintenance et le service, sont gérés via un système chapeautant le tout. L’avantage est que tout élément peut être monté et automatisé ultérieurement selon les besoins.
WAN-IFRA : Quelles nouvelles idées et informations sur la réalisation possible du concept IPAC avez-vous recueillies auprès des experts parmi les fournisseurs et les utilisateurs ?
H.-W. HAUER : Les intérêts des fournisseurs et des utilisateurs divergent aujourd’hui plus que jamais.
Les utilisateurs ont besoin de modèles complets pour une impression automatisable à souhait, afin de réagir rentablement aux changements actuels et futurs. C’est exactement ce que propose le concept IPAC avec en plus, sur la suggestion des utilisateurs, la possibilité d’intégrer l’impression de labeur ou numérique ou encore diverses prestations de service supplémentaires. Les conditions d’investissements sont également intéressantes, car il est possible, le cas échéant, de réutiliser le système de stockage et de transport à d’autres fins.
La sécurité des investissements est importante, surtout dans notre environnement économique difficile. Les imprimeries de journaux traditionnelles sont conçues pour une application bien spécifique. Une imprimerie, qui possède un système de stockage vertical et des éléments de transport capables de mouvoir de grosses charges, pourrait utiliser, si besoin est, ces équipements pour le stockage de tout matériel. Le capital investi ne serait pas perdu.
WAN-IFRA : Comment avez-vous développé ce projet et où en êtes-vous ?
H.-W. HAUER : IBH voulait confirmer la faisabilité et la rentabilité du concept IPAC par rapport aux installations traditionnelles. À cet effet, il fallait mettre en œuvre une comparaison exhaustive.
En raison de l’évolution du marché et de la capacité d’investissement actuelle, nous avons choisi une rotative de 48 pages avec sa salle d’expédition, pour prouver que le concept apporte ici aussi des avantages.
Sur la base d’une configuration de IBH, une imprimerie reposant entièrement sur le concept IPAC a été conçue, contrôlée et validée avec des experts de l’industrie graphique.
WAN-IFRA : Vous êtes-vous basé sur un projet d’imprimerie hypothétique ou réel pour votre comparaison ? D’où proviennent les données clés ?
H.-W. HAUER : En collaboration avec IE Graphic Engineering en tant que spécialistes de la gestion technique de bâtiments pour des projets dans l’industrie de l’impression et des médias, nous avons effectué une étude de faisabilité avec un projet actuellement en cours de réalisation de la taille indiquée plus haut.
Les composants machines et installations pour l’impression et l’expédition ainsi que les installations techniques du bâtiment ont été reproduits à l’échelle 1:1, c’est-à-dire sans aucune adaptation, dans le système de stockage vertical IPAC.
WAN-IFRA : Quels ont été les résultats de cette étude de faisabilité ?
H.-W. HAUER : Le système de stockage compact et simple assure un encombrement beaucoup plus petit et permet donc la construction d’un bâtiment plus petit par rapport au modèle de comparaison. La cubature du bâtiment est également moins élevée, car le concept IPAC rend superflues les nombreuses voies de transport. La construction dure également moins longtemps et malgré les investissements élevés pour le système de transport, il est possible de réaliser des économies lors de la réalisation du projet.
Le calcul comparatif fait paraître une réduction des coûts d’investissement d’environ 30 % pour la technique du bâtiment et nettement plus de 10 % pour la technique de production (conventionnelle). De plus, lorsque l’imprimerie est enfin mise en service dans ce système de stockage vertical, il est possible d’économiser 3 à 5 postes de travail pour le transport interne sur la base d’un travail en deux équipes.
WAN-IFRA : Qui avez-vous pu encore convaincre avec votre concept ?
H.-W. HAUER : Parmi les plus importants, ABB et son partenaire suisse Swisslog. Sur la base de l’étude de faisabilité et les analyses de charge effectuées par IBH pour la planification de la production en salle des rotatives et en salle d’expédition, la faisabilité technique d’une planification et d’un ordonnancement de la production d’un niveau supérieur pour les flux de matériaux a été examinée. Résultat : les solutions ABB MPS sont adaptées au concept IPAC sans nouveaux développements coûteux.
WAN-IFRA : Avez-vous encore des problèmes qui ne sont pas résolus ? Que vous manque-t-il pour que ce concept puisse se concrétiser ?
H.-W. HAUER : Nous sommes arrivés à un point nous permettant de dire : le concept IPAC est réalisable et convaincant pour la technique de bâtiment et de production d’une imprimerie flexible, tournée vers l’avenir et indépendante des fabricants. Il s’agit maintenant de passer à une phase concrète avec un client pilote courageux. Ce n’est qu’avec un projet concret et en collaboration avec l’utilisateur et les fournisseurs qu’il est possible de calculer les autres économies réalisables dans le domaine des installations techniques du bâtiment et des coûts d’exploitation.