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Interview du président de la drupa 2012

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Interview du président de la drupa 2012

Article ID:

14591

drupa 2012

Bernhard Schreier, P.D.G. des Heidelberger Druckmaschinen AG, est président de la drupa 2012. Il a bon espoir de voir la confiance renaître dans ce secteur et pense qu’à la drupa les clients se laisseront tenter par les dernières innovations malgré une conjoncture économique peu favorable.

Bernhard Schreier

WAN-IFRA : Beaucoup de choses ont changé dans l’industrie de l’impression depuis la drupa 2008. Quel est actuellement le climat dans ce secteur et dans quelle mesure les épreuves qu’il traverse ont-elles des répercussions sur la drupa 2012 ?

BERNHARD SCHREIER : En effet, le contexte de l’industrie de l’impression a considérablement changé ces dernières années. La crise économique il y a deux ans et l’incertitude qui règne dans l’espace monétaire européen ont sensiblement modifié le marché et cette mutation se poursuivra. Mais la situation est beaucoup plus difficile sur les marchés pour ainsi dire saturés où l’industrie de l’impression stagne le plus souvent à un haut niveau que dans les pays émergents comme la Chine ou l’inde qui ont un gros retard à rattraper dans presque toutes les branches de l’économie. Le secteur de l’impression en profite bien entendu aussi. Les plus gros potentiels de croissance à travers le monde – on prévoit près de 17 % d’ici 2014 – résident dans le domaine de l’impression d’emballages. Cela vaut d’ailleurs aussi pour les imprimeries des pays industrialisés en occident car l’importance de l’emballage comme véhicule de l’image de marque et support publicitaire ne se dément pas dans un contexte de concurrence accrue sur le lieu de vente et face à un choix toujours plus vaste d’articles.

Même si la conjoncture économique n’est pas favorable, nous pensons qu’à la drupa, nos clients se laisseront tenter par les dernières innovations. En plus des Européens, nous nous attendons à une vive participation en provenance de Chine et d’Amérique du Sud, mais aussi d’Amérique du Nord. Le plus grand exposant du salon que nous [Heidelberger Druckmaschinen] sommes pense que la drupa est l’occasion de restaurer la confiance dans le secteur.

Avec plus de 1 800 exposants sur une surface d’exposition de 170 000 mètres carrés, la drupa 2012 a fait le plein cette année encore. Les 19 halls du parc des expositions affichent complet. Ceux qui se rendront à la drupa peuvent donc être certains de voir pratiquement l’ensemble des produits proposés actuellement sur le marché mondial. Mais on constate de légers changements. Les fournisseurs de solutions intégrées dans les domaines du prépresse, des logiciels, de l’impression numérique et du Web-to-Print par exemple sont cette année plus nombreux qu’en 2008. Le secteur du façonnage auquel l’impression numérique donne un nouvel élan occupe une place beaucoup plus grande cette fois-ci.

WAN-IFRA : Le secteur des médias connaît actuellement une profonde mutation. Les médias électroniques côtoient désormais les produits imprimés et ne cessent de gagner du terrain. Les médias imprimés comme les quotidiens et les magazines vont-ils être supplantés par leurs homologues en ligne et mobiles ?

B. SCHREIER : La révolution numérique défraie la chronique. Or malgré les livres électroniques, les tablettes PC, les réseaux sociaux Facebook et compagnie, le volume mondial de produits imprimés ne cesse d’augmenter. On imprime aujourd’hui plus que jamais. Malheureusement, tous ne profitent pas de cette tendance positive. Notamment le quotidien imprimé doit se demander ce qu’il peut encore apporter à ses lecteurs en valeur ajoutée si toutes les informations importantes ont déjà été diffusées la veille sur Internet. Si le quotidien classique est dépassé dès sa parution, de nouvelles idées sont nécessaires pour tenir compte du haut degré de crédibilité de ce média et j’ai bon espoir que les sociétés d’édition parviennent à mener à bien ces changements structurels. Mais dans ce domaine comme dans les autres secteurs du marché de l’impression, la voie est toute tracée et débouchera sur une plus grande imbrication des médias papier et électroniques. C’est en effet l’avenir. 

Les smartphones et les médias sociaux comme Twitter, Facebook et Google+ remportent actuellement un incroyable succès car ils ouvrent de toutes nouvelles possibilités de communication et d’interaction. Ils rapprochent les gens en ligne. Jusqu’ici, le produit imprimé ne jouait à cet égard qu’un rôle secondaire, mais c’est en train de changer. De plus en plus de sociétés d’édition et de médias, d’agences publicitaires et d’entreprises spécialisées dans la conception réalisent avec bonheur des projets Print-to-Web. Elles utilisent à cet effet des applications du domaine de la réalité augmentée ou du balisage intelligent qui constituent autant de passerelles permettant d’allier les avantages du produit imprimé à ceux des médias mobiles et sociaux. Nous n’assistons donc pas à un processus de substitution, mais sommes au début d’un vaste et passionnant processus d’intégration qui ouvre de nombreuses perspectives et possibilités inédites.

WAN-IFRA : Comment le produit imprimé peut-il jouer encore plus de ses points forts ?

Il est important de connaître le vaste éventail de possibilités disponibles et d’utiliser les nouvelles technologies. Les entreprises ou les agences publicitaires peuvent par exemple apporter une plus-value interactive à leurs documents publipostés, leurs annonces publicitaires et leurs affiches par l’intermédiaire d’un code QR ou d’un autre système d’identification d’images et les utiliser pour des campagnes cross-médias en plusieurs phases. Les codes QR et les étiquettes intelligentes investissent de plus en plus le secteur de l’emballage où ils fournissent des informations complémentaires aux consommateurs (sur par exemple les ingrédients, les données logistiques ou l’origine de la marchandise). Parmi les autres domaines d’application, citons les codes de sécurité imprimés pour la lutte contre la contrefaçon et notamment les nouveaux systèmes de sécurité interactifs où des codes analogiques et numériques sont combinés de manière à être infalsifiables et imprimés sur les emballages, les étiquettes ou les blisters. Les consommateurs ou les commerçants intermédiaires peuvent alors vérifier eux-mêmes l’authenticité du produit avec leur smartphone muni d’une appli spéciale.  

Ce que l’on appelle l’impression fonctionnelle est un autre domaine d’application qui pourrait révolutionner l’ensemble de l’industrie. Il s’agit de l’impression de composants électroniques extrêmement fins, par exemple de circuits, de cellules photovoltaïques ou d’étiquettes RFID. Des procédés d’impression spéciaux sont utilisés à cet effet. Ils appliquent des matériaux polymères au lieu d’encres ou de vernis. Pour certains, ce n’est pas pour demain. Mais une chose est sûre : des prototypes de machine existent déjà et les progrès dans ce domaine sont très prometteurs.

Ceux qui veulent voir un peu ce que l’avenir leur réserve devraient aller à l’innovation park 2012 dans le hall 7 de la drupa. Différentes entreprises dont certaines sont bien établies et d’autres toutes jeunes y présenteront de nouvelles solutions porteuses pour l’ensemble de l’industrie. Les visiteurs pourront y découvrir non seulement des applications innovantes dans le domaine de l’impression lenticulaire, mais aussi des solutions montrant les possibilités impressionnantes du produit imprimé en association avec les terminaux mobiles.

WAN-IFRA : Quels changements structurels et stratégiques sont nécessaires dans le secteur de l’impression pour que son succès économique soit assuré à long terme ?

Il ne suffit pas d’avoir des produits et des techniques innovantes pour avoir du succès à long terme. Ceux qui veulent proposer plus à leurs clients doivent aussi avoir une excellente gestion de la production  et des modèles économiques innovants. Une formation professionnelle et continue ciblée permet à tous les membres du personnel de suivre l’évolution effrénée des techniques et d’être performants à leur poste de travail. Les investissements dans les machines, les consommables et autres équipements doivent aussi s’inscrire dans le temps en raison de la situation économique tendue et du frein à l’innovation qui en résulte.

Un autre aspect concerne la relation avec le client : les prestataires de services d’impression ont de plus en plus un rôle de conseiller à jouer auprès de leurs clients s’ils veulent avoir du succès. Il ne suffit plus de nos jours de respecter les délais, de fournir un produit de qualité et de pratiquer des prix corrects pour se démarquer de la concurrence de manière durable et visible. Les imprimeries ne se rendront indispensables à moyen et long terme que si elles donnent des conseils détaillés et fiables à leurs clients potentiels – que si elles leur montrent quelles possibilités et alternatives existent vraiment, où il est possible de faire des économies sans perte de qualité et comment ils peuvent atteindre encore mieux les objectifs qu’ils se sont fixés. Les imprimeries qui disposent de l’expérience et du savoir-faire requis dans ce domaine ont un gros avantage : elles offrent à leurs client une plus-value et sont moins exposées aux négociations de prix.

Auteur

Charlotte Janischewski's picture

Charlotte Janischewski

Date

2012-05-10 11:50

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